Une histoire de Péaule, siège d’un ancien doyenné.
Le Père Roger Tabard, missionnaire de la Congrégation du Saint-Esprit et originaire de Péaule, est l’auteur d’un livre paru en 2011 aux éditions Karthala sur l’histoire de sa patrie : Péaule, une commune du Morbihan. Il n’est autre qu’un frère du Père René Tabard, comme lui missionnaire spiritain, curé de Péaule depuis le mois de septembre. Le Père Roger Tabard nous livre ici la seconde moitié du tableau de l’histoire de Péaule qu’il avait commencé à brosser le mois dernier.
La Révolution est une période troublée pour le doyenné de Péaule. Vingt-deux chouans de Péaule sont fusillés (il y en aura aussi de Noyal-Muzillac et de Marzan), après le débarquement manqué d’une troupe de royalistes à Quiberon en 1795.
Le doyenné voit la visite d’une « colonne infernale », commandée par Le Batteux, de Redon, qui fait des morts surtout à Noyal-Muzillac et qui détruit des chapelles — celle de Saint-Marcellin au Pont de l’Étier, celle de Sainte-Geneviève à Pont-Saillant — et des croix qui ont été relevées par la suite (il y a actuellement trente-sept croix disséminées sur le territoire de la paroisse de Péaule).
L’abbé Julien Guégan, de Péaule, recteur à Pontivy, est élu député du clergé aux Etats Généraux de 1789. Après la constitution civile du clergé, il est même élu évêque du Morbihan, poste qu’il refuse, ne voulant pas participer à la création d’une Église nationale coupée de Rome. Il doit s’exiler en Espagne comme Jean de Quily, doyen de Péaule, et la plupart des prêtres du doyenné. En effet, tous les prêtres sont réfractaires et refusent de prêter serment à la Constitution.
Quelques-uns exerceront cependant leur ministère en cachette, tel l’abbé Minier à Limerzel, l’abbé Joseph Ryo à Péaule. Tous les deux seront guillotinés à Lorient. On peut parler de martyrs ! Un autre prêtre que l’on appelle le « Saint de Carapibo », du nom du village de Péaule, a été tué par les bleus alors qu’il était poursuivi par ceux-ci en même temps que deux autres personnes ! Sa tombe a été mise en valeur par la mairie qui a fait un enclos au bord de la route Limerzel-Péaule.
L’abbé Guyot, de Péaule, vicaire à Bourg-Paul, écrira une lettre en breton à sa servante, Mademoiselle Mille, donnant des nouvelles des conditions de vie des prêtres en Espagne. Cette lettre fait dire que l’on parlait encore breton au moins dans une partie du doyenné de Péaule au temps de la Révolution.
Doyenné, chef-lieu de canton de 1790 à 1800, Péaule est devenue depuis simple commune et simple paroisse. Depuis quelques années, la paroisse était rattachée à Questembert. Elle est maintenant liée à Muzillac ; et elle a un nouveau doyen !
Nota Bene : En 2022, Péaule comptait 2791 habitants. La commune connaît une nette croissance démographique et un rajeunissement de la population. Ce dynamisme constitue un véritable défi à la présence de l’Église sur son territoire !