Péaule : chapelle saint Cornély
Datant de la fin du XIXe, cet édifice joliment décoré et en très bon état fut construit avec les pierres d’une chapelle maudite.
Un patronage fréquent dans le Morbihan
Saint Cornély est le saint protecteur des bêtes à cornes et serait à l’origine des champs de menhirs à Carnac. C’est pour ces 2 raisons qu’il est très apprécié dans la région et que de nombreux édifices religieux lui sont dédiés. C’est en l’an 251 que Cornélius (ou Corneille, devenu Cornély en breton) fût élu pape contre l’avis de l’empereur romain Trébonien Galle .
Il dut alors fuir Rome l’année suivante caché dans l’oreille d’un bœuf, et coincé devant la mer, il pétrifia les soldats qui le poursuivait à Carnac. Lors du pardon de la chapelle, les paysans venaient y faire bénir leurs bœufs et autres bétails à cornes en échange de quelques sacs de blé. On y bénit aujourd’hui les tracteurs…
Construite avec les pierres d’une chapelle maudite
La chapelle fut érigée dans les méandres de la Vilaine au milieu d’une vaste prairie. De taille relativement importante, son emplacement a été choisi par le doyen Briand pour être centrale à l’est de la commune et permettre au plus grand nombre de paroissiens d’y venir.
Les travaux débutèrent en 1872 pour se terminer l’année suivante, date de son inauguration. Malheureusement les matériaux disponibles ne suffisant pas, le doyen autorisa l’utilisation des pierres d’une chapelle voisine incendiée au XVIIe car suspectée d’y accueillir le malin.
En effet, celle-ci dédiée à Saint Yves était située au village de Kerhuel, très à l’écart de la population. Les paysans y venaient donc sur des attelages tirés par des bœufs ou parfois des chevaux. Mais régulièrement, au retour, les bêtes étaient souvent malades ou décédaient. Le diable devait donc s’y cacher et la chapelle fut incendiée. Plus tard on s’aperçut que celle-ci était entourée d’ifs hautement toxiques et que l’explication de cette sorcellerie venait de là. Et c’est sans doute par repentance que la nouvelle fut dédiée à Saint Cornély.
À l’intérieur
L’éclairage est assuré par 5 baies sans vitraux, l’une des fenêtres porte la date de 1633, ce qui pourrait indiquer la date de construction de la chapelle Saint Yves. La chapelle possède de nombreuses statues peintes, notamment une représentant la Descente de Croix et une autre à l’effigie de Saint Cornély entourés de ses bœufs. Celles-ci sont régulièrement fleuries, témoignage de l’attachement porté à la chapelle.
L’intérieur est en parfait état car récemment rafraîchi. Le mobilier est en bois et il faut apprécier la belle barrière de communion devant l’autel. Celui-ci est décoré d’un motif doré symbolisant une hostie rayonnante. Signalons enfin que grâce à son volume, la chapelle accueille de nombreuses chorales et qu’elle bénéficie d’un sonneur de cloches attitré !
Textes & photos © Hubert Carlier (Sauf cartes anciennes)